Quand les divinités s'en mèlent.

Dans les bras de Lalemey... Un moment magique que je souhaitais éternel. Mais nous fûmes interrompus par une somptueuse mélodie de flute.
Nous nous retournâmes et virent quelque chose d'inattendu, une drow. Jeune, belle, joyeuse...
Ces paroles paraissaient quelque peu étrange, on aurait dit qu'elle nous connaissait. A vrai dire, elle nous cherchait.
Mais les mots qui suivirent me glacèrent le sang... Mais me rendirent à la fois heureux. Pour cause, elle nous apprit que nous ne pouvions pas sauver Hana mais elle nous apprit aussi que les dieux l'avaient envoyés pour nous aider à la sauver.
Je ne savais plus trop si je devais sourire, ou bien pleurer, voire ne rien faire du tout... Perdu dans mes pensées, jusqu'à ce que je me rende compte qu'elle était déjà partie...
Je la cherchai du regard pour voir si elle avait vraiment disparu mais je ne vis qu'un bout de parchemin, par terre.
Tel une créature sans pensées, je pointai du doigt le parchemin et parlai lentement.

La !

*Ramasse le idiot !*

Oui, c'est ce que je devrais faire...

J'en venais à parler seul, à répondre à mes pensées par des phrases formulées à voix haute.

*Eh bien, vas y !*

Oui je vais le ramasser.

Je me mis alors en marche vers le parchemin, me baissai et le ramassai.

Voila, je l'ai ! Maintenant je l'ouvre.

Et c'est ce que je fis: je pris le parchemin d'une main et tirai le bas de l'autre afin de le dérouler.

Une carte.
Celle d'une grotte.
Nous devrions y amener Hana.

Devant le corps de ma soeur, un cruel sentiment d'impuissance me pesait sur le coeur; malgré tous mes efforts, je craignais qu'elle ne rouvre jamais les yeux, et reste ainsi plongée dans son coma maléfique... Par chance, la présence de Ghalor me permettait de ne pas sombrer dans la déprime, comme s'il me protégeait inconsciemment du désespoir. Plongée dans mes méditations, je fus tirée de mes pensées par la mélodie légère et joyeuse d'une flûte; je me retournais et regardais l'endroit d'où provenait le son.

Une silhouette d'enfant se détacha des arbres; j'aurais donné douze ans à la fillette qui s'avançait en sautillant vers nous, et pourtant, son aura était telle qu'elle semblait plus sage et plus savante que n'importe qui d'autre, comme si elle avait amassé plus d'expérience que quiconque ici.

L'enfant s'approcha et, tout sourire, commença à nous parler d'un ton léger, enfantin. Ses mots ne prirent pas tout de suite de sens dans mon esprit embrumé, pourtant je réussis à comprendre qu'elle était une envoyée des Dieux -je m'expliquais mieux son aura particulière- et, surtout, que nous étions actuellement dans l'incapacité de sauver ma soeur; cette nouvelle alourdit plus encore le poids qui pesait sur mon coeur. La façon dont elle avait dit cela, si légèrement, comme s'il ne s'agissait de rien, me baissa le moral; on parlait de la vie de ma soeur, tout de même!
Puis l'enfant divine parla d'une grotte, la grotte Sous-Pierre. Là-bas, disait-elle, nous pourrions sauver Hana. Mais il fallait faire vite, et y être avant la nuit; je sentis l'espoir revenir en moi: tout n'était pas perdu!

La jeune messagère avait laissé un parchemin, une carte vraisemblablement. Je rejoignis Ghalor et regardais la carte par-dessus son épaule; le dessin était clair, lisible, pratique. Divin. Un léger trait serpentait au travers du parchemin; sans doute notre parcours. La volonté animait mon regard, et, me tournant vers Ghalor, je déclarais:

"Je veux faire partie du voyage. Vous aurez sans doute besoin de quelqu'un qui sache guérir, et surtout, il s'agit de ma soeur. Alors, je veux venir, j'y tiens."

J'échangeais un regard avec lui, une lueur de détermination farouche au fond des yeux; il ne servait à rien de parlementer, ma décision était prise. Je ne lui laissais pas le temps de réagir, que déjà je partais à grandes enjambées vers le village, préparer mes affaires pour le voyage.

J'acquiessais d'un signe de tête, et retournais à mes préparations. Tout en faisant mon bagage, je repensais aux paroles de Ghalor.

"S'il t'arrivait quelque chose, je m'en voudrai énormément, avait-il dit."

D'un côté, cela me faisait un peu peur; j'étais maladroite et faible, j'étais une source de soucis pour lui. Malgré tout, je partirais. Mais d'un autre côté, cela me faisait, d'une certaine façon, un peu plaisir; il s'inquiétait pour moi, était attentionné. Même si j'étais faible et peu utile, je partirais.
Je me montrerai forte, pour Hana, et pour lui.

Mes bagages étaient prêts. Je serrais la sangle du sac, le jetais sur mon dos et sortis. Ghalor m'attendait là. Le voir me fis une drôle d'impression. Je le trouvais incroyablement beau, et jamais je n'avais ressentis une telle chose; j'aurais aimé l'embrasser, ou me blottir dans ses bras, mais je me dis que le moment n'était pas approprié.

Je m'approchais sans bruit, et frôlais son bras; lui décrochant un sourire timide, je lui annonçais que j'étais prête à partir. J'étais comme revigorée, prête à affronter tous les dangers aux côtés de celui que j'aimais pour pouvoir sauver ma soeur en oubliant tous les évènements qui m'avaient abattue ces derniers temps. L'aventure m'attendait, et je n'allais pas la faire attendre plus longtemps...